Devenir chasseur de tête, tout en cassant les clichés

Les talents d’Achil : Samuel Blanc

Depuis toujours, le métier de chasseur de tête intrigue, soulève des doutes, questionne, autant qu’il fascine. Loin des clichés et des idées reçues, découvrez dans cet article une autre façon de voir le métier de chasseur de tête.

Scénarios, stratagèmes, opacité, manipulation… Ce sont peut-être les premiers mots qui vous viennent à l’esprit en pensant aux chasseurs de tête et pour cause, il s’agit d’un métier souffrant d’une image à la fois floue et sulfureuse.

Mais n’est-il pas temps de remettre en question cette perception et les méthodes traditionnelles qui lui sont attribuées ?

Justement, la donne a changé selon Samuel Blanc, chasseur de tête spécialiste en droit des affaires pour des cabinets d’avocats internationaux et parisiens, et membre du collectif de recruteurs indépendants Achil.

Il vous offre un décryptage de son métier, entre dépoussiérage de clichés, partage de meilleures pratiques et inspirations parlantes pour tous les recruteurs.

Pourquoi la chasse de tête a une mauvaise image ?

La chasse de tête souffre d’une mauvaise image, notamment à cause de procédés jugés agressifs ou impersonnels adoptés par certains acteurs du métier. Des chasseurs ne maîtrisent pas nécessairement le secteur sur lequel ils recrutent, contactent des candidats sans comprendre leur métier et envoient des opportunités inadaptées.

Parmi les pratiques le plus controversées, on peut noter :

  • Les scénarios téléphoniques : des prétextes inventés pour atteindre un candidat,
  • L’usage de faux noms visant à se faire passer pour quelqu’un d’autre,
  • L’utilisation d’une fausse voix / faux accent, afin de crédibiliser un rôle.

Dans des domaines comme le droit, où la confidentialité est cruciale, ces maladresses créent une méfiance généralisée.

De plus, des cabinets qui misent sur le volume au détriment de la qualité, renforcent cette perception négative. Résultat : les bons chasseurs doivent souvent « réparer les pots cassés » pour restaurer la confiance des candidats et des clients.

Un constat malheureusement observé par Samuel.

Chasseur de tête : vers un recrutement plus éthique et stratégique

D’après Samuel, la chasse de tête telle qu’on l’entend est dépassée.

Samuel : “Aujourd’hui, les gens veulent de l’authenticité. Or, ces pratiques anciennes amènent à démarrer une relation sur du mensonge. C’est à l’opposé des attentes des candidats en 2025.”

Et non, monter des scénarios, ce n’est plus à l’ordre du jour !

Exit la manipulation, Samuel privilégie l’honnêteté et la transparence plutôt que les techniques de dissimulation parfois associées aux chasseurs de tête et souligne l’importance de bâtir des relations de confiance à long terme.

Samuel : « On n’a pas l’occasion de faire deux fois bonne impression. Et la bonne première impression, selon moi, elle est dans l’authenticité et dans le fait de se dire les choses. »

Il vise alors une chasse de tête qu’il considère moderne et très différente des stéréotypes souvent associés à cette profession.

3 principes fondamentaux pour la chasse de tête d’aujourd’hui

1. STOP aux approches trop agressives et court-termistes :

Les techniques de « scénario » et de subterfuge appartiennent à une époque où l’accès à l’information était plus limité. De nos jours, ces méthodes cassent la relation de confiance avec les candidats.

Samuel : “Clairement, ce genre de pratiques ne permettent absolument pas de bâtir une relation de confiance avec un candidat. »

2. Place à l’essor des réseaux sociaux professionnels :

LinkedIn a révolutionné le marché du recrutement. Un bon chasseur de têtes sait entretenir son réseau et travailler sur le long terme à défaut d’utiliser des tactiques d’infiltration.

Samuel : « Au quotidien, mon outil, c’est LinkedIn. Les avocats savent se marketer, ils se rendent visibles, je n’ai pas besoin d’aller monter des scénarios pour les approcher. »

3. L’importance de l’authenticité et de la réputation :

Le marché de l’emploi est ultra-connecté. Une mauvaise approche peut nuire à l’image du chasseur et de son client.

Samuel : “Je me mets toujours à la place d’un candidat : si quelqu’un m’appelle en se faisant passer pour un autre, jamais je ne pourrais lui faire confiance. »

3 pratiques pour devenir un chasseur de tête nouvelle génération

1. Viser l’ultra-niche

Pour Samuel, c’est évident : il faut devenir spécialiste pour se démarquer sur le marché. Dans son cas, il ne recrute que des avocats d’affaires, ce qui lui permet d’être identifié comme un expert dans ce domaine précis.

2. Miser sur un réseau solide

Pas besoin d’appels anonymes ou de fausses identités. Le secret de Samuel, c’est son vivier, candidats comme clients. Il l’entretient en permanence via des interactions régulières, une présence forte sur LinkedIn, une immersion constante dans son univers, il parle leur langage. Avec le temps, à force de confiance, il obtient des recommandations régulières.

3. Assurer une qualité prémium

Samuel propose un service sur mesure, aux petits oignons et sur le long terme. Il ne cherche pas simplement à « placer » des candidats, il crée des relations durables avec eux et adopte un rôle de conseiller.

Il assume alors une approche sélective, pour moins de volume, mais plus de qualité.

Samuel : “Mon obsession, c’est de créer des relations de qualité avec mes candidats, comme avec mes clients. »

5 qualités indispensables aux chasseurs de tête

Samuel partage les qualités incontournables pour être un excellent chasseur de tête :

L’intelligence sociale : Savoir parler aux bons interlocuteurs, comprendre leurs attentes et créer une vraie relation.

L’adaptabilité : Chaque secteur a ses codes et il faut savoir s’y adapter sans les forcer.

L’éthique et la discrétion : Un bon chasseur de tête inspire confiance et respecte scrupuleusement la confidentialité des échanges.

Une expertise marché pointue : Il n’est pas nécessaire d’être technicien, mais il faut connaître les dynamiques du secteur pour être crédible.

La persévérance et la rigueur : Le métier demande de la patience, une veille constante et une approche proactive.

Samuel : “Ce qui fait la qualité d’un chasseur de tête, c’est sa capacité à créer du lien avec ses parties prenantes, sa capacité à bâtir une relation de qualité, de confiance, mais également, son aisance face à ses interlocuteurs. On doit prouver que l’on appartient au même monde. »

Quand la chasse de tête répond au marché tendu du recrutement

Le marché du recrutement se tend et les annonces ne suffisent plus.

En effet, d’après le baromètre du marché de l’emploi en ligne de Golden Bees (Groupe Figaro), les entreprises recevaient en moyenne 0,48 candidatures par offre d’emploi en 2023. C’est 5 fois moins qu’en 2021 (2,63 candidatures par offre). Dans de nombreux secteurs, les réponses aux offres se font rares et les recruteurs doivent aller chercher les talents.

Dans ce contexte, la chasse de tête prend forcément une place grandissante, cependant, avec une approche fine, une vraie expertise marché et une relation de confiance.

C’est là que la différence entre un chasseur opportuniste et un véritable expert se dessine.

Samuel : « Même les plus grands cabinets d’avocats sont dans une guerre des talents. Ils doivent eux aussi travailler leur marque employeur pour attirer les meilleurs. »

Chasseurs de têtes ou recruteurs : même enjeu, même approche

Longtemps considéré comme opaque et limite dans ses pratiques, le métier de chasseur de tête a bel et bien évolué.

Des professionnels comme Samuel démontrent que ce rôle peut être exercé avec éthique, transparence et efficacité. Plutôt que de jouer aux espions, ils bâtissent un réseau solide, fondé sur la confiance et la spécialisation.

Une approche plus authentique, plus respectueuse des candidats et plus performante pour les clients, qui finalement, répond aux évolutions du recrutement et peut inspirer toute personne cherchant à attirer les meilleurs talents, chasseur de têtes ou non.

Et si la vraie chasse de tête était tout simplement la nouvelle façon de recruter ?

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